Red’Wine — Dub électro-stepper dense & engagé

Fondateur du Artung Sound System, Red’Wine fait partie de ces producteurs qui sculptent le son comme une matière brute. Depuis plus de dix ans, il affine un dub moderne, électro-stepper et profond, marqué par la puissance des basses et la conscience des messages. Ses morceaux ne cherchent pas la facilité : ils imposent une immersion totale, une plongée dans un univers sonore à la fois hypnotique et tranchant.

L’aventure commence à Strasbourg, où il monte avec des amis le collectif Artung. L’idée est claire dès le départ : construire une sono capable de faire vibrer les murs et les corps, et proposer une musique qui dépasse le simple divertissement. Les soirées Artung deviennent rapidement des rendez-vous où se mélangent dub, électro, stepper, et où les machines de Red’Wine tiennent une place centrale. On y découvre un producteur qui aime les contrastes : des basses lourdes et abyssales contrebalancées par des nappes lumineuses, des beats secs et mécaniques rattrapés par des mélodies organiques.

Ses projets témoignent de cette recherche constante. L’EP On the Branch dévoile un son encore en construction mais déjà percutant, taillé pour les sound systems. Avec Stompadub, né de la rencontre avec Monk’aZ, il ose la collision des genres : dub, électro, psytrance et même frenchcore. Cette collaboration, née presque par hasard, se transforme en laboratoire sonore. Les deux producteurs passent des nuits entières à tester des textures, à caler des machines, à chercher le point de rupture parfait entre lourdeur et clarté. Le morceau Tribal War, porté par la voix de Don Valdes, en est l’illustration : une claque à la fois musicale et politique.

Son album This Wine is Fine confirme sa maturité. Entouré de complices comme Dubamix, Mexican Stepper ou Le Faune Stepper, Red’Wine compose une fresque où chaque titre est une pièce de puzzle. Certains morceaux frappent par leur intensité, d’autres par leur côté plus introspectif, presque méditatif. À travers ces productions, il montre qu’un dub moderne peut être à la fois dansant, exigeant et porteur de sens.

Sur scène, Red’Wine transforme ses morceaux en expériences physiques. Ceux qui ont assisté à ses sets racontent ce moment particulier où la première basse tombe : le sol tremble, les corps s’alignent sur la pulsation, et la salle entre en résonance. Une fois, lors d’une soirée Artung, une coupure de lumière a plongé le public dans le noir total. Plutôt que d’interrompre, Red’Wine a laissé tourner une ligne de basse minimale et s’est mis à jouer avec les effets, delay et reverb, créant un tunnel sonore hypnotique. Le public, d’abord surpris, est resté suspendu au groove. Quand les lumières sont revenues, l’explosion d’énergie a transformé la soirée en un moment mythique.

Un autre souvenir marquant : lors d’un festival open air, un orage a menacé de couper court à la danse. Mais au lieu de céder à la météo, Red’Wine a lancé un set encore plus lourd, comme pour défier les éléments. La pluie battante, les basses qui résonnent dans l’eau, et le public qui continue de danser malgré tout : ces instants forment la légende des soirées dub, et Red’Wine en est devenu un artisan incontournable.

Toujours en quête de profondeur, il ne cesse de réinventer son son. Il travaille ses morceaux comme des paysages, avec des couches successives de basses, de textures électroniques et de détails cachés que l’oreille redécouvre à chaque écoute. Pour lui, le dub n’est pas seulement une musique : c’est une manière de voir le monde, de construire des espaces de résistance, de fête et de réflexion.

Aujourd’hui, Red’Wine incarne un dub électro-stepper moderne, dense et sans concessions. Sa musique ne se contente pas de faire bouger : elle enveloppe, bouscule, interpelle. À travers ses productions et ses lives, il invite à une expérience totale, où le corps vibre, où l’esprit voyage et où chaque basse devient une déclaration.